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Marcel Thoby 1922 - 1945
Marcel THOBY naît au Croisic le 21 octobre 1922.
Il apprend et exerce le métier de menuisier-ébéniste.

Sous l'occupation, il quitte le domicile de ses parents pour s'engager dans la résistance en rejoignant la France Combattante dans les rangs du réseau « Action-Vengeance »
Il se forme au maniement des armes, au recueil des parachutages, à l'organisation de stocks de munitions, de carburants et de matériels. Au début de 1944, son réseau se trouve intégré dans l'organisation FFI pour se préparer aux combats de la Libération.
Le sous-lieutenant Marcel Thoby est capturé par les Allemands au cours d'une opération de parachutage en avril 1944.
Il est interné dans le camp A de Compiègne - Royallieu. Ce camp, dépendant uniquement de l'administration allemande et de la sécurité nazie, est réservé aux communistes et aux résistants. Il fonctionnera de juin 1941 à août 1944.
Il est surtout organisé en camp de transit avant déportation en Allemagne, principalement semble-t-il vers le camp de Buchenwald.
Le 12 mai 1944, Marcel Thoby fait partie du convoi à destination de Buchenwald.
Il est alors sélectionné pour le camp de Dora.
Ce camp créé en août 1943 comme dépendance du camp de Buchenwald est destiné à la fabrication des missiles V2. Marcel Thoby y est transféré le 10 juin 1944 pour y rester jusqu'en septembre 1944, date à laquelle il est incorporé comme mineur dans le Kommando de travaux forcés implanté dans le camp de Harzungen à Sangerhaussen, situé à une quinzaine de kilomètres du site de Dora.
Les détenus du Kommando, après avoir effectué le trajet quotidien entassés dans des wagons à bestiaux, sont soumis aux travaux forcés, dans des conditions épouvantables, pour creuser des galeries et réaliser les infrastructures camouflées de l'usine.
Marcel est assigné à la tâche du forage en sommet de galerie. Couché comme son proche compagnon sur un échafaudage branlant, il doit manier péniblement un lourd outil pneumatique enfonçant une longue mèche dans la roche. Des explosifs sont introduits dans les trous pour faire éclater la pierre laissant ensuite les hommes dégager les débris, sans aucune protection, dans une poussière épaisse et nocive. Et après 10 heures quotidiennes de ce travail forcé c'est le retour vers le camp d'Harzungen, entassés dans les wagons.
Le compagnon de travail de Marcel est belge. Il s'appelle Louis Weyckmans. Les deux hommes partagent leur sort en se liant d'une très forte amitié.
Louis, écrira aux parents de Marcel des pages émouvantes sur les conditions vécues par ces deux amis :
« Dans notre camp le régime était le même que dans les autres ; coups, appels de longue durée par tous les temps, nourriture mauvaise et insuffisante, bref, un régime de terreur. Le travail était dur et Marcel et moi le supportions courageusement avec la seule idée que nous devions coûte que coûte tenir pour revoir ceux que nous aimions. Nous nous entendions comme deux frères et comme j'avais la chance d'avoir de temps en temps un colis, nous faisions part à deux comme si c'était le sien et pour sa part il faisait de même... quand on a partagé ses souffrances pendant 7 mois, qu'on s'est remonté le moral, qu'on parlait de sa maison, des projets d'avenir et toutes les choses auxquelles un prisonnier aspire et rêve, on n'oublie pas. »
Marcel Thoby et son ami souffriront ainsi pendant de longs mois au cours desquels les événements de la guerre se précipitent.
Le 6 avril 1945, face à l'avance des troupes soviétiques les allemands font évacuer le camp d'Harzungen sur le camp de Bergen-Belsen.
Depuis quelques temps Marcel souffrait de dysenterie. Louis rapporte « Marcel était terriblement affaibli et sa mémoire s'en ressentait aussi. Il était hébété et souvent quand je lui causais, il me regardait avec des yeux vagues et n'avait pas l'air de me comprendre... C'est dans cet état-là, épuisé, qu'il a été évacué et ma foi, s'il a fait un transport comme le mien qui a duré 7 jours sans nourriture et à 110 hommes dans un wagon, vous comprendrez que ce serait un miracle s'il en réchappait. »
Louis ne retrouvera pas Marcel dans le camp de Bergen-Belsen.
Le 5 avril, les SS avaient brûlé les registres du camp. Ils le quittent le 12 avril, laissant la garde à 1 500 Hongrois.
Le 15 avril 1945, les Britanniques entrent sans combat dans le camp et y découvre 60 000 hommes et femmes.
13 000 personnes y mourront encore après la libération du camp jusqu'à fin juin 1945.
Les recherches concernant Marcel Thoby demeureront hélas sans réponse.
En date du 23 septembre 1947, le Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre délivre à ses parents un avis officiel de disparition.
Marcel Thoby a fait l’objet de citations et a reçu la croix de guerre.
Une plaque commémorative en hommage à la mémoire de Marcel Thoby est placée au Mont-Lénigo au droit du débouché de l'estacade sur Port-Charly.
Les renseignements rapportés au sujet de Marcel Thoby nous ont été aimablement communiqués par sa famille.

Texte : Christian Cabellic