
Louis Babin 1889 - 1941
Louis Babin est né le 8 août 1889 à Arpajon en Île-de-France.
Louis Babin a reçu une âme portée sur l'abnégation. Il voue sa vie au service des autres pour le soulagement des souffrances et l'aide aux démunis.
De père pharmacien, il s'oriente vers la médecine. Bien que réformé du service militaire, il se porte volontaire au cours de la Première guerre mondiale pour soigner les blessés sur les points les plus exposés du front. Il y sera lui-même blessé.
Le courage dont il fait preuve pour sauver des vies, au mépris des obus et de la mitraille, lui a valu la Légion d'honneur et la croix de guerre à six citations.
La paix revenue, il exerce dans son pays natal en qualité de radiologue. Il sert ses concitoyens comme élu municipal dès 1937. Il milite au sein du Parti communiste de sa commune. On lui doit la fondation d'oeuvres d'hygiène de vie et de sauvegarde de la santé tournées vers la jeunesse comme l'EGA (Écolier au Grand Air) ...
Médecin d'avant-garde pour l'époque, il pratique et enseigne la diététique, la digipuncture et soigne par les UV.
Sous l'instauration du gouvernement de Vichy, lors de la Seconde guerre mondiale, son appartenance politique le prive de son mandat d'élu le 15 février 1940. Cette mesure blesse profondément son coeur généreux de patriote et le détermine résolument à rejoindre les rangs de la résistance où, bravant tous les risques, il organise les aides, les secours et pratique inlassablement les soins aux combattants de l'ombre.
Mais il est dénoncé et arrêté le 28 février 1941 dans son cabinet médical d'Arpajon, en pleine consultation de ses patients. II est alors interné dans le camp d'Aincourt près de Pontoise puis dans celui de Choisel à Châteaubriant.
Pendant son incarcération, il ne cesse d'appeler les autorités de Vichy à plus d'humanité vis-à-vis des détenus en demandant que lui soit livré de l'équipement médical. II ne recevra jamais de réponse et le matériel médical ne lui sera jamais livré. II continue alors de soigner dans l'ombre ses compagnons de captivité.
L'attitude noble, la personnalité de Louis Babin, son charisme, son passé, le désignent de la part de Vichy et de l'occupant comme une personne de prix pour leurs oeuvres répressives contre les attentats frappant les représentants allemands.
C'est ainsi que Louis BABIN fera partie de la liste de 9 détenus désignés au martyr, fusillés par un groupe de SS le 15 décembre 1941 dans le bois bordant l'étang de la Blisière près de Soudan. Ils sont tous restés exemplaires de dignité d'attitude en pénétrant dans l'éternité par le sacrifice de leurs vies au service de la France.
Avec deux de ses compagnons de souffrance (on ne sait pas lesquels), Louis BABIN sera enterré dans le plus grand secret dans le cimetière de Fay-de-Bretagne. Sa dépouille restera à Fay-de-Bretagne jusqu'en 1952.
Louis Babin séjournait régulièrement chez ses parents établis au Croisic.
Au moment du décès de son père, son corps sera transféré dans la tombe familiale dans l'ancien cimetière du Croisic à côté de l'allée centrale. Une plaque honore sa mémoire.
Les 8 compagnons de supplice de Louis BABIN :
- Adrien Agnes, ingénieur agronome, 42 ans.
- Paul Baroux, instituteur, 31 ans.
- Fernand Jacq, médecin, 32 ans
- Raoul Josset, électricien, 44 ans
- Maurice Pillet, charpentier, 39 ans
- René Perrovault, syndicaliste, 45 ans
- Georges Thoretton, ouvrier, 27 ans
- Georges Vigor, ajusteur, 37 ans.
Louis Babin écrivait, trois jours avant son assassinat, cette lettre poignante :
« Même à ce moment où aucun danger immédiat ne paraît menacer, ma vie et ma mort dépendent de conjonctures si multiples que je crois bien décrire ce qu'on appelle un testament.
Peut-être tombera-t-il entre les mains d'un honnête homme, qui le remettra à ma femme. Pour ceux qui seront tentés de me juger après ma mort, puisqu'on ne l'a pas fait avant de me fusiller par les Allemands, j'indique que je crois avoir toujours été un bon citoyen. En toutes circonstances, je me suis soumis aux lois de mon pays, lorsqu'elles m'ont accablé par leurs injustices. J'ai essayé d'être toujours dévoué, désintéressé !
Ma vie n'a pas eu de secrets, ni la familiale, ni la sociale, ni la politique, ni la professionnelle. Je revendique la responsabilité personnelle totale de tout ce que j'ai dit ou écrit à tout moment de mon existence. Je ne regrette rien ; je n'ai rien à me faire pardonner. Je mourrai confiant dans la destinée impérissable du peuple français, de celui qui travaille, de celui auquel j'appartiens et que j'ai servi. »
Texte : Christian Cabellic