Au fil des siècles

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Géographiquement le port est bien situé entre deux rivières commerçantes, la Loire et la Vilaine. Les marais salants qui ont donné une grande prospérité au Croisic se sont étendus peu à peu dans la baie du Traict. Le sel était transporté par les étiers jusqu’au port du Croisic à bord de gabarres puis emmené par les navires marchands.
Les premiers signes de la présence humaine au Croisic datent du néolithique avec le menhir de la Pierre Longue. La légende fait remonter la fondation de la cité au baptême des premiers Croisicais au Ve siècle par saint Félix, évêque de Nantes, à l’emplacement de l’actuelle chapelle du Crucifix, à l’entrée du Croisic. C’est au XIVe siècle que Le Croisic entre vraiment dans l’histoire avec la construction d’un château-fort et de remparts, s’affirmant progressivement face à Guérande, dont le port s’ensable au début du XVIe siècle.
Mais c’est au XVIe siècle que Le Croisic confirme véritablement son essor, le port est alors en pleine prospérité. Tous les navires marchands du Nord de l’Europe (surtout des Pays-Bas, de Norvège et de Suède) viennent y vendre des bois, des fers, de l’étain, du charbon, du goudron ou des draps. Tandis que tous les bateaux en partance confirment la large renommée des sels de la presqu’île jusqu’en Espagne ou en Irlande. La bourgeoisie locale, qui administre la cité comme une petite république, évite l’écueil d’une trop grande dépendance à l’égard du sel et arme, depuis la découverte de Terre-Neuve, pour la pêche à la morue mais aussi à la sardine et au hareng, et également pour la course. On fait du commerce avec l’extérieur : l’Irlande, le Portugal, la Hollande. Le lest contenu dans les nombreux navires marchands étrangers est remplacé par le sel et est rapidement utilisé pour aménager le port. L’architecture portuaire est figée dès le XVIe siècle et se caractérise par une configuration très particulière et un vocabulaire très spécifiquement local (chambres, jonchères…). Les deux buttes artificielles appelées Mont Lénigo et Mont Esprit, situées aux extrémités du port, sont également les témoignages marquants du dynamisme du commerce maritime à ces époques. La richesse de la cité se traduit dans la construction de l’église Notre-Dame-de-Pitié (1494-1528) et dans un habitat de qualité édifié principalement aux XVIe et XVIIe siècles grâce aux fortunes constituées avec la pêche à la morue. Le Croisic poursuit sur cette lancée jusqu’au milieu du règne de Louis XIV. 

La cité est érigée en paroisse en 1763. Jusqu’à cette date, elle était rattachée spirituellement au bourg de Batz. Elle relève directement du Roi sans autres seigneurs particuliers. Elle jouit également de privilèges exceptionnels (députation aux États de Bretagne, communauté de ville, exemptions d’impôts…), accordés d’abord par les ducs de Bretagne puis confirmés par les rois de France.
L’élite commerçante et maritime se laisse un moment séduire par la Réforme protestante au XVIe siècle, mais la population reste en grande majorité catholique. Les différentes répressions font disparaître toute trace de cet engouement. Après la crise liée à l’essor de Nantes, aux guerres avec l’Angleterre et au désintérêt des bourgeois pour le commerce au XVIIIe siècle, Le Croisic paraît se ressaisir dans la seconde moitié du siècle sous l’impulsion du duc d’Aiguillon, gouverneur de Bretagne, qui fait faire d’importants travaux urbains et portuaires. Mais le renouveau est de courte durée avec les troubles de la Révolution.
La cité retrouve peu à peu un certain dynamisme au XIXe siècle avec le développement des conserveries de sardine puis de la conchyliculture. De plus l’essor du tourisme balnéaire fait du Croisic vers 1840 une des toutes premières stations touristiques de Bretagne, fréquentée par des célébrités comme Alfred de Musset ou Ingres. L’arrivée du chemin de fer en 1879 facilite la fréquentation de la station et la construction de nouveaux quartiers tout en développant le commerce maritime par l’expédition des produits de la mer.
Par la suite, Le Croisic, face à l’essor de La Baule, s’orientera vers un tourisme familial et médical avec les premières colonies de vacances et un sanatorium héliomarin tenu par les frères de Saint Jean de Dieu. Pendant l’entre-deux guerres, une importante migration de populations finistériennes, principalement du pays Bigouden, attirée par l’essor de la pêche à la sardine, marque la vitalité de la cité, lui conférant encore aujourd’hui cette petite « marque » bretonnante qui contraste souvent avec le reste du département de Loire-Atlantique.
 
Laurent Delpire
Auteur et historien Croisicais 

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L’histoire du Croisic en quelques dates

  • Néolithique : menhir de la Pierre Longue, témoignage des premières occupations humaines en presqu’île.
  • VIe siècle : baptême légendaire des premiers Croisicais (des Saxons) par saint Félix, évêque de Nantes, à l’emplacement de l’actuelle chapelle du Crucifix.
  • Xe siècle : Saint Goustan, moine irlandais, s’échoue sur la côte du Croisic et laisse la trace de son corps dans le rocher. Pour rappeler ce miracle, une chapelle est construite à cet endroit au XIe ou XIIe siècle.
  • 1379 : construction d’un château à l’emplacement de l’actuelle place Dinan, début de l’affirmation du Croisic comme ville indépendante.
  • 1494 : début de construction de l’église Notre-Dame-de-Pitié. Le Croisic compte alors près de 4 000 habitants.
  • 1517 : premiers travaux d’aménagement du port pour faciliter les échanges commerciaux.
  • 1558 : développement du protestantisme dans l’élite locale.
  • 1597 : guerres de religion  -  occupation de la ville par la Ligue (parti catholique)  -  démolition du château.
  • 1629 : construction d’une maison de ville (mairie) sur la place Dinan.
  • 1691 : création d’une école d’hydrographie  -  implantation de la famille Bouguer.
  • 1700 : reconstruction du clocher de l’église.
  • 1753 : le duc d’Aiguillon, gouverneur de Bretagne, fait réaliser d’importants travaux portuaires pour relancer le commerce.
  • 1759 : bataille navale des Cardinaux opposant la France à la Grande-Bretagne. Défaite française, sabordage du bateau amiral, « Le Soleil Royal ».
  • 1793 : Le Croisic est rebaptisé Port Liberté  -  saccage de l’église  -  exécution d’un ancien maire du Croisic, René David de Drézigué.
  • 1840-1844 : construction de la jetée du Tréhic et création du premier établissement de bains, l’hôtel casino Deslandes. Débuts du tourisme balnéaire.
  • 1878 : construction de l’ancienne criée  -  développement de la pêche et des conserveries de sardines.
  • 1879 : arrivée du chemin de fer.
  • 1894 : création du boulevard de l’océan  -  développement du quartier de Port Lin.
  • 1908 : installation de la mairie dans l’hôtel d’Aiguillon
  • 1917-1919 : premier conflit mondial  -  installation d’une base américaine d’hydravions sur le port.
  • Années 1920-1930 : migration et implantation des pêcheurs finistériens.
  • 1932 : construction du marché couvert
  • 1944-1945 : second conflit mondial  -  la population est au cœur de la Poche de Saint-Nazaire. La ville n’est libérée que le 11 mai 1945.
  • 1952 : retour de Jacques-Yves Le Toumelin à bord du « Kurun » après 3 ans de tour du monde.
  • 1973 : jumelage avec la ville allemande de Laufenburg.
  • 1982 : construction d’une nouvelle criée.
  • 2008 : construction d’une nouvelle mairie sur le site de l’ancienne école Notre-Dame.