Le port du Croisic

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Le port du Croisic est abrité par la digue de Pen Bron (construite entre 1714 et 1724, à la demande des paludiers afin de protéger les marais salants, et payée au moyen d’un impôt sur les œillets de marais) et par la jetée du Tréhic (construite entre 1824 et 1844, en granit coloré de Batz - longueur 858 mètres).
Au bout de la jetée se dresse le Phare du Tréhic, tourelle cylindrique de 9 mètres de haut, construit entre 1869 et 1872, marquant la fin du Croisic portuaire.
Le port du Croisic est divisé en bassins appelés « chambres » dont l’une est réservée aux bateaux de plaisance : « la chambre des Vases ». Il est séparé du « Traict » par des « Jonchères ».
 
Le « Traict » est une véritable mer intérieure de 700 hectares, peu profonde, bordée de marais salants qu’elle alimente en eau de mer. Jusqu’à la moitié du XIXe siècle, le traict était utilisé pour les communications entre la région de Guérande et la Presqu’île du Croisic d’où, peut-être, l’origine de son nom « trajectus ». On invoque aussi l’origine latine « tractus » signifiant « action de tirer, de vider avec force ». Ainsi que l’origine bretonne « trez » signifiant « golfe ». Au milieu de cet espace s’élève la Croix du Traict, autrefois refuge pour ceux surpris par la marée montante.

Quant aux « jonchères » (Jonchère du Prince, Jonchère du Lénigo, Petite Jonchère, Grande Jonchère),

il s’agit de terre-pleins artificiels bordés de quais et construits avec du lest.
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La Grande Jonchère (place du 8 Mai), située au Nord du Quai du Port-Ciguet, protège la plus vaste chambre du port. Cette jonchère a été autrefois reliée au quai par un pont et les Américains lors de la grande guerre de 1914-1918, y avaient installé d’importants baraquements d’aviation. Ils envisageaient alors de faire du Croisic un port très important, mais à condition d’en bénéficier gratuitement pendant 20 ans. Les pourparlers n’aboutirent pas et Le Croisic est resté le « pittoresque petit port de pêche ».
Un autre exemple d’architecture sur port est l’estacade, parallèle à la promenade et aux quais, au pied du Mont-Lénigo.
 
Avant sa construction, des canons étaient implantés dans les éperons rocheux afin de servir de balises d’entrée du port. L’un d’entre eux est d’ailleurs toujours là, côté quais, presque au bout de l’estacade. Puis au siècle dernier, afin de permettre aux bateaux de remonter le courant pour sortir en mer ou rentrer dans le port, une première estacade en bois fut construite, qui servait donc de chemin de halage. Trois personnes suffisaient pour tirer à la force des bras des bateaux de 10-12 mètres, car à cet endroit le courant est moindre.

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C’est au début de notre siècle qu’elle fut reconstruite en béton armé. Fermée en 1993 et remplacée en 2000 par une passerelle flambant neuf, elle offre à nouveau aux nombreux promeneurs et pêcheurs à la ligne une agréable idée de promenade. D’architecture moderne, elle est propriété du Conseil Général depuis 2011.
 
Aux deux extrémités du port, le Mont-Lénigo et le Mont-Esprit offrent un splendide panorama sur la presqu’île. Ce sont des monticules formés du lest que les navires marchands laissaient autrefois avant de charger le sel guérandais destiné à l’exportation.

Le Mont-Esprit fut aussi appelé le « Mont-Chellet » parce que sa création est due à l’initiative du médecin Yves Chellet, qui fut activement aidé par le maire Gallerand. Ces travaux furent exécutés de 1814 à 1816 afin de donner de l’ouvrage à la population durement éprouvée par un hiver rigoureux.

Le nom de Mont-Esprit proviendrait du fait que la butte fut construite avec du « lest pris » aux nombreux navires fréquentant le port.
​​​​​​​Le Mont-Lénigo a emprunté son nom à « lénigo » qui signifie en breton « petit étang », présent à cet endroit avant la construction des quais.

Au pied de l’estacade est érigée une statue en bronze d’Hervé Rielle. Érigée en 1913, elle est l’œuvre du sculpteur René Paris. Hervé Rielle était un pilote de la marine embarqué sur l’escadre de Tourville qui a sauvé d’un désastre 22 vaisseaux français en 1692 poursuivis par l’ennemi Anglo-Hollandais les conduisant au port de Saint-Malo, par une passe qu’il était seul à connaître. en bordure du port de plaisance, il y a le quai Hervé Rielle.
 
®© Laurent Delpire, historien et conservateur du Patrimoine.